Michel Elias est un peintre chevronné, il a peint toute sa vie, emmenant son materiel de peinture dans ses missions professionnelles en Afrique et ramenant ainsi ses impressions grâce à des carnets de voyages, des esquisses, des photos.
Ces documents sont les traces des impressions provoquées par des lieux et des rencontres de personnes, un concentré d’énergie pour son travail en atelier à Bruxelles.
« Je peins vite, avec une sorte de frénésie, un désir d’avoir fini, qui me laisse sur le flanc après une séance de trois heures. Je peins à l’acrylique qui est un médium pour gens pressés : vite mis, vite sec, vite repris. J’ai toujours peur de manquer de temps, il faut travailler dans l’urgence avant que la réalité ne change, tant qu’on a l’énergie, courir contre la mort…. »
« Pendant mes années de formation en académie, je me suis intéressé aux paysages et surtout aux modèles vivants.
Ensuite, je me suis mis à peindre d’après documents sur des déchirures de magazines collées aléatoirement sur ma feuille de papier… J’aimais l’idée de partir d’un chaos, faire émerger une image en simplifiant une surface foisonnante. Cela ressemble à la vie, où tout se mélange tout le temps, les mots, les sensations, les souvenirs… On trace son chemin dans ce désordre.
Ensuite, de la même manière, j'ai peint sur des patchworks de tissus africains collées sur panneaux. L’intérêt de cette technique, est de permettre des interactions entre le sujet et le motif imprimé. Ces tissus colorés (wax) apportent des effets chromatiques, semblables à la rumeur joyeuse de la rue africaine, et oblige le peintre à un dialogue attentif avec l'intrus.
Plus récemment, j'aime aussi laisser apparaître des lacunes, de grandes surfaces blanches. Des figures isolées sur le blanc du support créent un mystère, au spectateur de compléter l’image…
Actuellement, je reviens à une technique plus classique, plus minutieuse et moins rapide. La peinture permet ces explorations et ces changements de manière de faire… »
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« Je reste en peinture attaché aux petites dimensions de toiles. J’aime ces formats de poche qu’on peut emporter dans son bagage.
Tout voyage est une guirlande d’images. Des scènes, des lieux, des gens qui s’impriment sur la rétine du souvenir. Ainsi mes tableaux, mes carnets en témoignent . Traces entrecroisées sur la carte de mes jours.
Ça commence parfois dans un bus qui mène vers un aéroport, puis au delà des nuages on se retrouve dans d’autres rues, dans des maisons étranges dont la cour est comme un théâtre à ciel ouvert. Là, les parfums, les visages, les saveurs, la musique vous parlent autrement de vous-même. Car voyager, c’est revenir vers soi-même, vers ce qui est immobile en soi.
Je peins l’ici et l’ailleurs comme d’autres racontent leur vie, de façon intime, pour ne rien perdre, pour qu’il reste quelque chose de ce que j’ai aimé, sans doute pour contredire l’oubli. »
« En sculpture, j’aime faire un travail plus conceptuel sur les questions de genre. Ainsi, à partir de moulages de statuettes religieuses (N.-D. de Lourdes, le Sacré-Cœur de Jésus), j’ai proposé une réflexion sur la violence symbolique et l’homosexualité. »